Pays Baltes, deuxième partie (Lettonie, Estonie)

Voici enfin la suite de nos aventures. Petit conseil : installez-vous confortablement pour lire, mon récit de 15 jours est assez long ! Traversée de plusieurs pays et partage de l’aventure avec mes parents obligent.

Commençons notre narration au 1er avril, qui me paraît déjà loin. Avant de récupérer mes parents à l’aéroport de Riga, nous finalisons quelques indispensables. Nous passons à un magasin spécialisé en réparation de camping-car. Quand nous cuisinons il y a une légère odeur de gaz qui nous inquiète. Sur nos deux feux, celui de droite ne doit plus être utilisé dixit le mécano. Il est hors d’usage. Il nous reste celui de droite. Ça ira. On fera avec ! Le plus important est que ce ne soit pas dangereux. Le monsieur, adorable et connaisseur, ne nous fait rien payer. Il a vérifié une éventuelle fuite de gaz. Présente sur le feu de droite mais pas celui de gauche. Quand il se retourne il s’écrit : « Many children!? » L’air de dire, quelle idée d’en avoir eu trois ! Le tarif famille au parc aquatique de la veille ne concernant que les familles avec un enfant, nous avait déjà mis la puce à l’oreille. Le schéma classique familial estonien n’est pas le nôtre.

Dans Rīga, une passante s’arrête devant l’itinéraire collé sur le camion et nous questionne. C’est la première fois. C’est réjouissant. Merci madame. Cet échange nous permet de préciser les noms des pays en anglais et de réaliser un peu plus le chemin parcouru.

Retrouvailles enchantées avec Tydom et Maé ce lundi. Welcome les parents et grands-parents !! Maman colle des poissons dans le dos des petits hilares. Papa court après les valises qui tardent et nous fait de grands coucous derrière la vitre. Le trio les attend avec des ballons colorées et personnalisés. Bonheur intense et palpable.

Leur camping-car est immense. Plus haut, plus long, plus large. Plus luxueux et plus confortable. Plus plus plus quoi. Papa le prend vite en main et nous suit pour un premier aperçu du centre de Riga.

Nous dînons tous les sept dans un restaurant de cuisine locale du vieux Riga, bien au chaud. Pancakes de pommes de terre, saumon, soupe de pois et lardons, pseudo-tartiflette. Miam miam. Nous trinquons à nos retrouvailles et à notre périple de 15 jours ensemble qui débute. Quelle belle idée de nous suivre au plus près en utilisant le même moyen de locomotion (qui est plus qu’un mode de déplacement mais un mode de voyage).

Le marché central de Riga, le plus grand d’Europe nous occupe une longue matinée. Une halle de charcuterie, une halle de poissonnerie, une halle de fruits et légumes. Ce marché quotidien brasse les différentes populations de la capitale. Une aile est transformée en cantines locales et branchées. Chacun peut commander ce qui le tente à un comptoir différent puis nous nous retrouvons sur une grande table centrale.

Le vieux Riga est agréable. Places aux façades colorées, rues pavées, cafés animés, boutiques de tissus bariolés et de lins raffinés. Une belle boucle ensoleillée d’une petite dizaine de kilomètres nous occupe l’après-midi.

Un bol de fraise vole dans le camion pendant notre premier déjeuner à sept. Sam est recouvert de fraises. Le jus rouge dégouline sur sa tête. On n’est pas loin du film d’horreur ! Il reste calme, lui-même surpris. On éclate tous de rire.
Plus loin sur la route, un bruit sourd résonne.
« Qu’est ce qui est tombé ? demande maman.
« C’est Louise.» répond Jeanne très posément. En effet, la miss était mal attachée.

Parc de la Gauja, Sigulda. Halte suivante. Soleil et vent. Nous empruntons un téléphérique jaune. Petit et unique. On saute dedans et le départ a même été retardé pour nous. Nous nous baladons dans la forêt, le long des étangs et des grottes. Les crapauds, les papillons, les premières fleurs, les rivières. Les escaliers en bois, les chemins de planches, les sentiers de terre et de feuilles mortes. Le cadre est parfait. Sam galope au début puis tend les bras d’épuisement. Le sentier est agréablement bien balisé. On suit sans trop réfléchir de château en château.

La vie à 5+2 s’organise facilement. Nos deux camions se suivent sur les routes. JuBaJaLouSam en tête. Enfin JuBaSam en général. Ja et Lou ayant migré chez les grands-parents. On communique avec des talkies walkie. C’est bien pratique. « On a tourné à droite, on vous voit plus. Vous suivez ? »
« Le pont est trop bas, on passe pas, faut faire demi-tour. »
« On fait une pause pipi, une pause essence, une pause plein d’eau. On a faim ! »
« Regardez comme c’est beau à gauche. On s’arrête pour une photo !? »
On n’arrête pas de papoter d’un camion à l’autre. C’est amusant et super pratique.

Les filles ne quittent plus leur grands-parents. Elles dorment dans l’autre lit deux places de leur camion. Elles roulent avec eux à l’arrière. Nous nous retrouvons au calme avec notre petit Sam, bienheureux de profiter de ses parents un peu plus. Il ne manque pas de se retourner régulièrement pour vérifier que nous sommes toujours suivis « Camion de Tydom et Maé, derrière ? Wise ? Zane ? »

4 adultes pour 3 enfants. Bon ratio. Les adultes ont repris l’avantage, ça aide. La présence des grands-parents nous soulage beaucoup. Pour préparer les repas, gérer les douches, faire les courses. Occuper les petits, les câliner, les faire travailler, lire des histoires, jouer et rigoler avec eux. Et juste le plaisir de passer tout ce temps ensemble. En essayant de trouver un peu de temps avec chacun et avec tous.

Maman joue souvent la maîtresse d’école. Elle y prend goût. Elle travaille le chapitre sur les divisions. Pas le plus simple ! Sachant que nous ne sommes pas dans le domaine préféré de Jeanne en plus. Elle s’en sort haut la main. Louise peine à faire ses séances d’écriture en roulant tant l’état des routes est aléatoire. Elle travaille son anglais et les sciences. Et l’écriture du carnet de voyage continue d’être une activité quotidienne et incontournable pour les filles. Activité que maman apprécie (une vraie transmission et un joli souvenir de vacances d’enfant) et pour laquelle elle prend mon relais pendant les deux semaines. J’apprécie. J’y reviendrai avec plaisir mais il faut parfois jouer de stratagèmes et négocier pour motiver les filles !

Je m’étonne de me retrouver de temps à autre sans poussette ni main à donner (même si j’adore les sentir tous proches de moi). Me voilà visitant seule (le reste de la troupe pas loin devant ou derrière). En voyage en famille, la solitude s’évapore. Ce n’est pas le lieu. Et l’occasion ne se présente pas ou peu. Nous sommes constamment ensemble. Ensemble dans un même espace. Nos journées se ressemblent. Nous vivons un même quotidien, nous partageons tout. Plus tard, au retour, nous pourrons nous échapper chacun de la cellule familiale. Avoir une pièce chacun, un espace à soi. Être au calme. Prendre son temps sous la douche. Aller à l’école (valable pour nous 5!). Voir ses amis. Ce sont certains de nos manques. J’avoue.

Cesis. Toujours à l’Est de Riga dans le parc de Gauja. Belle petite ville. Ruines médiévales, château, pizzeria délicieuse. Un bon mélange. Nous avons dormi une nuit sur place.

Départ pour l’Estonie et la ville de Parnu en début d’après-midi, sur le temps de la sieste de Sam. Parfait. Jusqu’à un virage avec une barrière qui dépasse. Le camping-car des parents est bien plus large que le nôtre… et papa accroche le pare-chocs au-dessus de la roue arrière droite. Pas qu’un peu… Les gars rafistolent tout ça histoire que ça tienne et que ça ne se fragilise pas plus. Rien n’empêche de rouler c’est déjà ça ! Pas de bol. La caution va peut être y passer… Allez y a plus grave. Roulons.

La France a tellement à apprendre des pays baltes en matière de jeux. Quelles innovations permanentes ! Une balançoire pour deux : une place enfant et une place adulte face à face. Des jeux sur les plages. Des multitudes de jeux au parc. Des cours d’école qui débordent d’activités. Des jeux où il faut réfléchir avant de les actionner ! Des jeux pour tous les âges, tous les goûts. Les enfants s’émerveillent et les grands jouent ou surveillent. Les enfants n’auront jamais autant varié les parcs de jeux.

C’est incroyable comme l’intérêt des enfants est mis en avant dans ces pays baltes et notamment en Estonie. Au-delà des parcs de jeux (vraiment partout et toujours bien pensés),  nous sommes particulièrement impressionnés par cette façon de toujours penser aux enfants, à leur bien-être, leur épanouissement, leur éducation, leur culture. Une approche ludique est toujours offerte. Dans les restaurants, parfois même les églises, dans les musées. Partout. Il y a des coins- jeux, des livres, des chaises hautes, des tables à langer.

Parnu. Belle ville de bord de mer. À notre arrivée en fin de journée, la lumière est superbe. Au loin la mer paraît gelée. En réalité, la plage est enneigée suite à une tempête de neige la semaine précédente. Le paysage est surréaliste. Des tâches blanches au loin à l’horizon, des monticules blancs au devant, la plage, les dunes. Nous sommes bluffés par la beauté de cette rencontre impromptue d’éléments naturels. Neige, mer, sable, bois, vase, herbe.

Les vieilles maisons colorées du centre de Parnu sont charmantes. Un petit manège qui s’actionne manuellement avec des éléphants en bois occupe les petits un long moment. Nous déjeunons en terrasse au petit café adjacent. Tartines de poissons délicieuses (et joliment présentées) et assiettes de frites au menu. Cap sur les îles estoniennes dans le nord ouest du pays maintenant.

Île de Muhu. La traversée en bateau dure 25 mns. Des lignes de camion et de voitures. Plusieurs étages. Luxe et confort dans un espace de vie éphémère. Le bateau est tellement imposant que le départ passe inaperçu. En remontant sur le pont, nous réalisons notre avancée. Le vent est glacial mais le soleil rayonne.

Muhu est une toute petite île. Paisible et hors du temps. Nous la traversons jusqu’au petit hameau de Koguva. Un musée à ciel ouvert de toute beauté. De vieilles fermes, une école, et des dépendances se visitent. Extérieurement et intérieurement. Nous sommes les seuls visiteurs. Le site est très bien entretenu. La vie semble s’être arrêtée depuis des décennies et paradoxalement on a l’impression que ses occupants viennent de quitter les lieux. Rien n’a bougé. Les affaires sont posées dans les placards, les lunettes sur la table, les assiettes sur la table, la sacoche de la maîtresse. C’est silencieux. Pas un bruit. Il est d’ailleurs recommandé aux curieux de respecter les lieux en limitant le volume sonore. Mission impossible pour nous 7 !

Les insulaires sont accueillants. Souriants et nous saluant volontiers sur la route. J’aime bien ces petits saluts de la main. Timides mais chaleureux. C’est l’échange au minimum. La langue est rude. À apprendre et à l’oreille. Tere (bonjour) et tanan (merci) sont nous deux seuls mots connus !

Saaremaa, l’île grande sœur voisine. Quelques routes ne sont pas goudronnées mais les infrastructures touristiques ne manquent pas. Le potentiel foule estivale est palpable. Des moulins en bois demeurent encore intacts le long des routes. Un petit clin d’œil hollandais. Kurissare, bourg principal nous charme aussi. Notamment son château en bord de mer avec ses douves remplies d’eau que nous visitons au soleil couchant. Nous dormons au port, la vue est superbe. Nous avons croisé sur notre route un terrain de foot quelque peu particulier : un arbre vieux de 150 ans est planté au beau milieu de ce dernier. Les joueurs le contournent simplement pendant les matches.

Gogo gadgeto bras me serait parfois utile. Je suis un peu Shiva quand le camion roule. Je ramasse les voitures de Sam qui dégringolent. Je lui donne la main pour l’endormir. J’attrape l’eau pour les assoiffés. Je distribue des sucettes aux impatients. Je filme une scène, une jolie route. Je photographie une maison colorée, un panneau amusant, un paysage plaisant. Je regarde l’itinéraire, je potasse le guide. Je bouquine quand la troupe est calme et autonome. Je ne me plains pas, j’aime être sur que personne ne manque de rien. Les enfants sont attachés à leurs sièges et ne peuvent pas vraiment attraper à leur guise des activités. On leur impose déjà beaucoup. On doit aussi s’efforcer de rendre leur quotidien doux et plaisant. Rouler est un moment récurrent du voyage. Ce moment n’est pas déplaisant mais il faut l’alimenter pour ne pas le rendre pesant (pour les enfants). De mon côté je ne me lasse pas de regarder défiler le paysage. C’est apaisant. Il y a toujours une curiosité, un détail amusant, une touche dépaysante. Toutes ces images emmagasinées resteront-elles ? Je m’interroge souvent sur notre capacité à garder en mémoire les lieux traversés. Nombreux et diversifiés, notre cerveau les range certainement par pays précautionneusement. C’est notre atout de voyager à plusieurs en famille. Nous nous aidons à nous remémorer ces paysages. Pour les faire revivre, pour prolonger l’aventure au delà de l’espace temps. Les photos aident aussi évidemment. Précieuses,  elles réactivent notre mémoire de voyageurs. Instantanées, elles enferment un moment précis et font revivre les souvenirs. Pour les petits elles sont essentielles. Leurs mémoires bien qu’élastiques sont différentes. Ils n’impriment pas comme nous. Notre voyage précédent sur la route de la soie est un ensemble de souvenirs en pointillés pour les filles. Jeanne en parle et évoque des images précises. Louise avait pile l’âge de Samuel. Ce voyage est un peu flou pour elle. Il reste pourtant le goût de la découverte, une curiosité omniprésente et une ouverture sur le monde et les autres. Ces apprentissages font partie de notre choix d’éducation. Transmettre notre passion des voyages, de la rencontre. Apprendre à donner de soi pour recevoir. Sortir de sa zone de confort pour réduire à l’essentiel nos besoins. Avoir un vécu de nomade pendant des petites parenthèses de notre vie.

Retour sur l’île. Réserve de Viidumae. Une tour d’observation un peu branlante. Une échelle étroite et raide monte à un point de vue. Maman et moi avons le vertige et redescendons à mi-parcours. J’ai Samuel harnaché dans mon dos, je ne suis pas très rassurée. Papa, Baptiste et les filles grimpent vaillamment jusqu’au sommet. Cime des pins à perte de vue mais rien de tellement transcendant finalement.

Après une petite boucle en forêt, nous pique-niquons avant de reprendre la route. Je conduis un peu. C’est assez marrant cet énorme volant. J’ai l’impression de conduire un tracteur ! Nous passons par des petits chemins de terre pour récupérer l’axe principal. Tels de vrais aventuriers motorisés. Nous remontons jusqu’à l’embarcadère du ferry. Direction Tallinn, la capitale estonienne posée tout au nord du pays au bord du golfe de Finlande.

Nous n’avons jamais vu autant de camping-car qu’en Estonie. C’est aussi le début de la saison. Nous leur faisons des grands coucous sur la route. Contents de voir des acolytes. La réponse n’est pas toujours immédiate !

Tallinn est une très belle cité. Ses toits rouges, ses clochers, ses pavés et ses boutiques d’artisanat.
Jeanne « On est en Estonie ou Lettonie là ? » Les enfants s’y perdent un peu. Notre journée de visite du vieux Tallinn est pluvieuse et enneigée. Le vent est froid. Un mélange peu attrayant. Les petits sont vraiment sympas. Nos pas feront une bonne dizaine de kilomètres ce jour là. Les filles ronchonnent un peu par moment mais franchement je rêverai d’être un enfant pour râler autant. Samuel est en pantalon k-way dans sa poussette. Les pieds trempés, le froid anesthésiant, l’envie de persévérer s’amoindrie. Et pourtant on continue. On ne lâche rien du matin au soir ! Pour combattre la mauvaise météo, nous entrons dans une libraire d’occasion. Le premier livre que Jeanne attrape est en français. Elle veut acheter tous les livres en français ! Et on ressort avec une bonne pile. Son sourire aux lèvres fait plaisir à voir.

En rentrant le soir au camion, Jeanne joue la grande sœur parfaite. Câline Louise qui pleure de froid, enroule Samuel dans une grosse couverture et lui enlève ses chaussettes trempées. Elle réconforte, rassure, et prend sur elle en mettant de côté sa propre fatigue. J’aime tellement ces scènes de liens fraternels. Le rôle d’aîné n’est pas simple. Je le sais. Les parents sont toujours plus exigeants avec leur aîné. Mais tellement fiers de lui pour tout. L’ainé ouvre les portes et reste le premier à chaque étape de la vie d’un enfant. Voir d’un adulte.

Voyager avec ses parents permet de constater le pouvoir de la transmission entre les différentes générations. Je prends les mêmes photos que papa. J’ai peur de rater LA photo comme lui. J’aime les regarder, seule ou à plusieurs sur l’écran de l’ordinateur dans le calme et le noir du camion. Comme lui. J’ai peur de rater l’incontournable comme maman. Je lis les guides et les connaît par cœur comme maman. Jeanne met ses chaussettes au dernier moment et traîne pieds nus comme maman. Et lit aussi vite qu’elle. Jeanne prend le temps, est un peu rêveuse, comme son grand-père. Louise sait exactement où sont les choses comme sa grand-mère. Très observatrice et organisée. C’est amusant. Samuel est encore petit mais on sent en lui le potentiel clown comme papa !

Pour contrer le mauvais temps, nous nous réfugions au musée. Le musée de la marine à Tallinn est pensé pour les enfants autant que pour les grands. Toute la famille s’y retrouve. Quelle belle idée.
Il y a un espace pour les petits avec des coloriages et des playmobil. Un espace pour se déguiser en costumes de marins et de commandants. Amusant pour tous. Il y a aussi des simulateurs de navigation. Et puis une belle exposition de bateaux, avec le clou : la visite d’un sous-marin.

 

L’Estonie est un pays raffiné. Organisé, propre, souvent de bon goût. On avance toujours à tâtons, par peur d’abimer, de perturber, de déranger. Un soin particulier est apporté à l’ensemble des lieux de visite. C’est facile de déambuler, agréable de profiter. Tout est bien pensé pour mettre en valeur. Dans les habitats, les jardins, les restaurants, les boutiques.

Nous nous échappons de Tallinn pour rejoindre le Parc national de Lahemaa. La neige est de retour. La météo est imprévisible et très aléatoire. Routes enneigées, forêts de sapins blancs, lacs gelés. Maisons typiques en bois colorées, famille de chevreuils. Nous nous régalons. Tout est aménagé pour les campeurs. Estivaux plus qu’hivernaux. Nous bivouaquons sur une pointe. La neige tache de blanc le sable de la minuscule plage. Une tour d’observation avec un escalier en colimaçon nous offre un joli panorama entre terre et mer. Le parc sous la neige est joli mais le froid limite nos envies de balade. Nous faisons du tourisme en camion, avec quelques stops pour les courageux. Furtifs et photographiques.

Notre dernière halte avant de redescendre sur Rīga estTartu. Une ville universitaire et vivante à taille humaine. Jeanne et Louise partent acheter une part de gâteau dans le café où nous déjeunons. Elles reviennent déçues : « Soit le prix esr trop cher soit c’est trop bas.» Il va falloir revoir la leçon sur la monnaie et le concept de rendre la monnaie !  Un musée de jouet est le bienvenu pour contrer le froid saisissant. Les températures sont proches de zéro. On a emballé précautionneusement Sam dans sa combinaison. La salle de jeux du musée est un paradis pour les petits. Repos pour les parents et détente pour les enfants.

Nous déambulons dans Riga une dernière fois. Vieille ville, marché central, musée ethnographique en plein air, musée de l’occupation. Et grand ménage de printemps du camion ! La capitale n’a plus de secret pour nous.

Jeanne s’occupe beaucoup de son petit frère. Leur écart d’âge (7 ans) empêche toute rivalité, jalousie ou dispute. Un soir, elle endort Samuel pendant que les adultes dînent et le chuchote à l’oreille : « Moi quand je suis avec Samuel je me sens bien. Je me sens calme. Il m’apaise. Même quand il est en colère je l’aime fort. » Je fonds. Elle a vraiment son identité de grande sœur, rôle important pour elle. Elle passe parfois pour une grande rêveuse qui a la tête plongée dans les bouquins du matin au soir (il y a du vrai aussi !), mais elle sait être attentive et présente à sa façon.
« Sam la crèche te manque ? Tu seras bientôt à l’école maternelle tu es au courant ? » Jeanne qui tente de prévenir Samuel de la suite des événements … !

Louise aura passé beaucoup de temps avec mes parents. Surtout maman. Jeanne est parfois revenue rouler avec nous mais Louise a passé les 15 jours exclusivement avec eux. Maman était disponible à 100% pour s’occuper d’elle pendant les trajets. Louise avait besoin de ça. Une bonne dose de moments à être chouchoutée. Rien que pour elle. Nous nous rappellerons leurs drôlissimes leçons d’anglais où il y avait débat sur la prononciation de certains mots. Notamment les couleurs et purple. Louise peut être sacrément têtue. Mais surtout malicieuse et assez clown. Tiens comme son grand-père.

Samuel continue de grandir. En langage, en motricité. Chaque jour. Il s’intéresse à tout. Et participe même à nos conversations. C’est assez amusant. Son passage chez le coiffeur lui a fait définitivement
quitter sa tête de bébé pour un visage de petit garçon. Il paraît plus crédible pour rentrer à l’école ! Toujours passionné de voitures, il peut passer de longs moments à y jouer ou à les regarder défiler sur la route. Il est particulièrement calme et sympa quand on roule. On alimente avec de la musique, des livres, des jeux mais il ne se plaint jamais.

 

Et info de dernière minute, notre chauffage nous a lâché au petit matin récemment. Avant de le faire réparer à Riga nous avons dormi à 7 dans le camion de mes parents ! Un vrai camping à l’intérieur du camion initialement prévu pour 4. Nous avons récupéré et installé des nouveaux pneus commandés car les nôtres se sont abîmés à cause d’un mauvais parallélisme. Bref, nous sommes fin prêts pour la Russie après quelques couacs techniques. Imprévus qui agacent au début, puis s’apaisent car nous trouvons toujours une solution. Et que nous relativisons. C’est toujours moins grave qu’un accident, le vol du camion ou un souci de santé. Notre bonne étoile s’arrange pour que le timing des imprévus ne soit pas trop mauvais. Par contre elle n’est pas très économe cette bonne étoile …! La réparation du chauffage nous a coûté un bras. Notre modèle actuel de chauffage  n’est plus produit depuis 20 ans ! Il est pas tout jeune notre bon vieux Mercedes.

Ces deux semaines à 7 furent une belle parenthèse familiale. Les parents se sont rapidement adaptés à notre rythme et la vie de camping-caristes semble les avoir charmée. Nous allons repartir à 5. Cap vers la Russie maintenant. Un mois dans le plus grand pays du monde. Nous en verrons une infime partie. Direction Moscou puis St-Petersbourg (où les parents de Baptiste, sa sœur et son amie nous rejoignent). Je sens que le dépaysant va opérer avec plus de poids et de conséquences. La langue et son alphabet syrillique promet quelques moments de doute et de confusion. Suite au prochain épisode.

Nous ne réalisons pas toujours la chance que nous avons. Les proches nous le rappellent. « Mais c’est tellement top vos photos, votre blog, votre périple. On découvre une autre facette de vous. » Vos encouragements nous touchent. Merci de nous aider à avancer, à réaliser l’aventure et à prendre conscience que nous sommes chanceux. C’est vrai.
Nous avons l’impression de nous dévoiler un peu plus à travers le récit du blog. C’est assez intime finalement ce récit de notre quotidien. Souvent nos lecteurs expriment le ressenti d’être au plus près de l’aventure avec nous. Comme cachés dans un petit coin du camion. Je sens que certains sont même tellement bien cachés qu’ils ne se montrent pas ! Vos commentaires sont précieux. C’est difficile de soupçonner qui nous lit. Manifestez-vous ! Juste un petit coucou.

Merci d’être aussi nombreux à nous suivre. On vous embrasse chaleureusement. Vous nous manquez, mais on revient vite. On a encore de belles découvertes en vue.

JuBaJaLouSam

Ps : 306470 kms au compteur au départ. 313266 kms aujourd’hui. On a roulé 6796 kms. Bientôt la barre des 7000 kms !