La campagne russe entre Moscou et St-Péterbourg

Chers fidèles lecteurs,

Je m’amuse toujours en vous imaginant lire notre récit de voyage. Vous le lisez d’une traite ou en plusieurs fois ? Confortablement assis dans votre canapé ou sous la couette ou dans les transports ? Sur le téléphone, l’ipad ou l’ordinateur? Je me questionne sur votre ressenti, vos émotions. Certains se posent la question de réaliser un même projet ? Certaines destinations vous donnent envie ? D’autres pas du tout ? Ces textes sont notre lien avec vous. Au-delà de notre aventure, ils sont des vraies tranches de vie et resteront le souvenir le plus intime et le plus transparent de notre épopée. Nous avions écrit un livre pour notre tour du monde. Le livre du dernier voyage sur la route de la soie est en cours de réalisation. Et pour ce tour d’Europe, il y a aura aussi certainement un ouvrage. La difficulté ne réside pas dans la motivation mais bien dans le temps à dégager du tourbillon du quotidien au retour. À suivre…

Reprenons notre récit où nous l’avons laissé dans l’article précédent. Moscou derrière nous, la campagne russe s’offre maintenant à nous. Les maisons en bois aux fenêtres sculptées. Les routes en plus ou moins ni état. Les petites auberges en bord de route. Les nuits en bord de monastère. Un petit rythme plus tranquille. Des petites vacances dans nos grandes vacances. Une belle parenthèse entre Moscou et Saint-Pétersbourg reposante. Reposante car ce n’est pas la course aux visites. Nous prenons notre temps depuis le départ mais cette dernière semaine nous le prenons encore davantage.

Vladimir est une petite ville. Notre première halte après Moscou et quelques kilomètres sur des routes chaotiques et bouchonnées. Mais qu’importe. La ville paraît minuscule, notamment comparée à Moscou. Le centre se concentre autour de l’église principale qui a une vue plongeante sur la vallée. Le tour de la ville à pied est rapide. Nous reprenons la route en fin de journée pour rejoindre Souzdal.

Nous entamons notre découverte de Souzdal par le camping. Nous y sommes si bien que nous resterons deux nuits. Une belle journée ensoleillée où on déroule notre attirail de campeurs. La table extérieure est installée pour la première fois. Le plaisir assuré de manger dehors nous enchante. Les hamacs attachés entre deux arbres font office de balançoires pour Samuel et Louise et de coin de lecture idéal pour Jeanne. On touche le paradis !

On déballe les activités artistiques : atelier peinture pour tous. Lecture et écriture pour les grands, coups de fil aux amis et aux familles. Détente au programme pour tous. Une journée off qui permet de recharger les batteries, de se vider l’esprit d’un programme de visite à respecter. Juste profiter. Juste être ensemble. Juste voir une belle journée se dérouler. Zéro contrainte. Rien ni personne ne nous attend. Comme toujours vous me direz mais aujourd’hui encore davantage. D’ailleurs on a fait les choses bien c’est un jour férié, le 1er mai.

Le lendemain, météo changeante : temps gris et pluie. On part quand même visiter mais la déception est immédiate. Le décor aux tons gris n’aide pas mais les lieux manquent de charme. Le monastère est assez délabré. Le marché dans les allées environnantes est une concentration d’horreurs. L’artisanat russe manque de raffinement. Vraiment. Le marché grouille de touristes. Russes essentiellement car ce sont les vacances actuellement. Seul un petit atelier de peinture organisé dans une église sur fond de chants envoûtants nous offre un petit moment agréable. Et de délicieuses sucettes au miel dévorées par tous.

Une merveille au nord de Moscou nous attend pour la suite : Serguiev Possad. Un monastère qui concentre des églises somptueuses, très colorées et scintillantes sous un soleil d’été. C’est certainement un lieu de pèlerinage ou un jour de fête religieuse au vu de la foule qui afflue. Les familles débarquent avec des bouteilles vides qu’ils font remplir à une fontaine. Un Lourdes russe. Nous sillonnons les allées du monastère d’une église à une autre. Toutes sont particulièrement soignées, colorées. On se régale. J’ai particulièrement aimé ces lieux. Les photos sont nombreuses, le choix était difficile !

Nous dévalisons pour notre déjeuner une boulangerie à la vitrine alléchante. En pointant du doigt des feuilletés salés, des tartes sucrés, des pains de campagne, des brioches nous repartons la poussette de Sam bien pleine. La file derrière nous s’est allongée. Nous nous laissons porter par nos envies et là présentement tout nous faisait envie ! Bien inspirés car tous nos mets étaient délicieux. Un bon repas est un coup d’accélérateur au moral. La nourriture joue beaucoup sur notre moral. C’est un élément important de notre quotidien. Un curseur de bonne humeur.

Nous ne mangeons pas vraiment de façon variée. Les courses sont souvent équivalentes dans les supermarchés. Nous tentons quelques nouveautés occasionnelles mais entre les prix, le mystère de certains produits, et nos envies il faut jongler. On achète forcément des pâtes : plat de base de notre alimentation pour le dîner. Économique, nourrissant, plaisant pour tous. Et rapide à cuisiner. Bref facile. Le choix des pâtes est dirigé par la lecture explicite du temps de cuisson. Au milieu des lettres en cyrillique, on scrute un chiffre et un vague « mn » de minute. Quand on trouve, on achète. On achète des fruits et légumes, beaucoup. Rarement de la viande. Parce que chère ou peu alléchante. Et aussi parce que notre frigo fait son boulot de façon aléatoire. Nous rechargeons toujours nos réserves de confiture, nutella, gâteaux et jus. Le petit déjeuner et le goûter sont des repas où il est plus facile de contenter les enfants. Nous nous rassurons en leur remplissant le ventre sur ces créneaux ! Ils ont cependant bon appétit. Sam dévore quand nous n’avons pas trop dépassé l’horaire des repas. Ce qui arrive forcément en voyage. Nous ne pouvons pas être calé comme sur un rythme de crèche ou d’école. Louise a un bon coup de fourchette. Elle se dépense toute la journée et elle est assez curieuse des mets locaux. Elle goûte volontiers nos découvertes culinaires. Jeanne, plus réticente à l’idée de découvrir la cuisine locale, pourrait se contenter quotidiennement de tartines au nutella le matin, de sandwichs au saucisson le midi et de pâtes le soir. Tiens ça me rappelle une certaine M. et un certain T. (Spéciale dédicace, ils se reconnaîtront !). Sans oublier les pop-corn devant les films pendant nos soirées ciné. Nombreuses avec notre rythme unique sans la pression des horaires et la fatigue du rythme scolaire…. un grand bonheur ces partages d’émotions en famille.

Avant de poursuivre notre route vers le nord en direction de St Petersbourg, je voulais vous raconter un peu plus de notre vie en camion. Notre quotidien a peu de points commun avec notre routine habituelle et je vais essayer de vous en faire le récit fidèle en détails.

Le réveil. Lever de soleil à 5h. Coucher de soleil à 21h30. La lumière du jour s’étire. C’est un peu gênant mais on s’habitue. Surtout que ça ne va pas aller en s’améliorant ! Quand j’ouvre un œil je ne sais jamais trop quelle heure il est. Dans la pénombre j’attrape ma montre. Il m’arrive de ne pas réussir à me rendormir. Alors je lis, j’écris, je somnole, je rêve. Je pense à ceux qui me manquent. Avant de se lever, on prend le droit et le temps de traîner au lit. Un peu, tous les jours. Pas forcément longtemps mais juste le temps de s’autoriser à ralentir le lancement de la journée. Nous n’avons pas d’impératifs après tout. Bouquiner. Jouer avec Sam, toujours le premier levé. Passer une heure certains matins à lui lire intégralement la bibliothèque du camion. Lire des histoires avec Louise. Une page chacune ou un personnage à tour de rôle. Papoter avec Jeanne. Débattre sur le monde, la vie, les questions sur l’adolescence. Se retrouver à 2, puis 3, puis 4, puis 5 dans le lit. Faire des tonnes de câlins pour démarrer la journée. Prendre un peu le temps pour se rappeler que chaque jour est un jour de vacances. Se mettre en mouvement quand même pour souligner notre chance d’être en voyage. Se souvenir que des nouvelles découvertes nous attendent. À cinq dans le lit, serrés comme des sardines, les câlins tournent vite en chahuts, disputes et batailles de guilis. Les filles, vous remontez là-haut (on s’amuse à leur dire vous filez dans votre chambre-si seulement) ou vous vous calmez et vous nous aidez. Rangement de notre lit. Le matelas se transforme en deux banquettes face à face. Transformation de la chambre des parents en salle à manger. Rangement du lit de Sam à l’avant. Louise parle de son petit nid. Bonne trouvaille. Perché en hauteur, avec des petites couches pour être bien au chaud, notre petit oisillon sort la tête quand le jour se lève. Mettre l’eau à chauffer pour le thé. Sortir la table, la visser, la mettre. Tartiner, déguster.

Le matin. École. On commence en général par écrire la journée de la veille dans le carnet de voyage. Un bon moyen de travailler l’écrit et de ne rien oublier de notre vécu. Les filles progressent beaucoup à ce niveau. Notamment Louise (seulement en CP) qui évolue de jour en jour sur le choix des mots, l’orthographe et l’expression. Jugez par vous-mêmes (les instits surtout !).

Idéalement chaque matin on oscille entre maths et français. Puis on ajoute dans la journée une autre matière. On laisse toujours le choix aux filles. Orthographe ou grammaire ? Problème ou calculs? Géométrie ou écriture ? Ces deux dernières sont les seules qu’elles pratiquent sans rouler. Les autres sont souvent étudiées en avançant. Pendant que les filles travaillent, l’un de nous gère Sam. Un tour en trottinette, une balade, un jeu de société ou de construction. L’occuper pour libérer les filles de leur frère. Si on le laisse, Samuel adore monter sur la table, faire rouler ses voitures sur leurs cahiers ou colorier sur leurs leçons. Mieux vaut ne pas le lâcher. Il recherche notre attention. C’est compréhensif. Il voit combien nous sommes disposés à aider les files et attentifs à elle quand elles travaillent. Il y a toujours une récréation. Plusieurs fois quotidiennement selon nos trouvailles, notre programme.

L’après-midi, nous roulons ou visitons. C’est le moment le plus variable de la journée. Je ne peux pas vraiment vous le relater d’une manière générale ! Je le détaille longuement à chaque article.

Pour la recherche du bivouac pour la nuit, il faut tabler sur une petite demie-heure pour si on n’a pas de plan au préalable. Via nos applications de voyageurs. Il faut un endroit relativement tranquille. Joli idéalement. Le plus plat possible. Si besoin nous rajoutons les cales. Au mieux des toilettes, sinon un petit coin type forêt ou espace vert est le bienvenue. Quand il y’a une aire de jeux, c’est appréciable pour tout le monde. Réunir toutes les conditions est une prouesse rare mais faisable !

Parking de ville versus monastère. Nos bivouacs sont aléatoires en fonction de la présence de voisins. Si oui ils sont souvent bruyants voir très bruyants. La musique tourne à fond, les vibrations des basses faisant parfois trembler le camion tant le volume est poussé au maximum. Sur les parkings de viles, nous avons eu plusieurs mauvaises expériences. Les jeunes se retrouvent dans leurs voitures, le son poussé à fond. Certains font même des dérapages, des tours de parkings. Triste occupation, et dérangement assuré. Je m’écris un soir « S’ils en réveillent un ça va mal aller! »

Au contraire les monastères (souvent isolés) sont des campements parfaits. Calme, en bordure de forêt ou sur une île. Les lieux sont apaisants. Un gardien nous déloge un soir de quelques mètres car les lieux sont protégés. Dommage qu’il est attendu 21h30 pour nous le dire alors que toute la maisonnée s’endormait. Baptiste a replié le lit de Sam (que j’ai attrapé). Louise couchée en haut, a continué à bouquiner. Et a adoré rouler en même temps. Jeanne n’a pas été plus perturbée que ça, plongée dans ses lectures. Nous avons roulé quelques centaines de mètres plus loin sur un autre parking au delà de l’enceinte du monastère. Pensez à mettre un panneau interdit aux camping-car la prochaine fois, merci !

Notre campement pour la nuit validé, je saute sur les casseroles. Baptiste aménage le camion pour passer d’un mode route à un mode salon-salle à manger. Enlever les sièges autos, glisser les ceintures sous les banquettes. Abaisser les sièges avant, accrocher le rideau gris le long du pare-brise pour créer un peu d’intimité. Retourner la banquette avant, visser la table. À table justement. C’est prêt !

Le coucher. Après lés incontournables histoires lues, au lit ! Je suis amusée de penser que les gens autour du camion ne soupçonnent pas forcément que nous vivons dedans. Et y dormons surtout. D’extérieur il ne paraît pas si grand notre bolide. De l’intérieur, un peu plus avec toutes ses cachettes et ses rangements. Et toutes ses possibilités d’aménagements, de conversions, de changements de pièce.

Reprenons le fil de notre route. À Tver, ville de province, nous rencontrons un couple de russes moscovites voulant voyager comme nous. Adorables. Ce sont les troisièmes personnes à s’arrêter devant le camion. Sur un même parking. Curieux ces habitants de Tver mais peu anglophones comme dans tout le pays. Les russes te parlent russe même si tu ne parles pas russe. C’est amusant. Tu as beau répondre en français ou baragouiner en anglais, ils continuent. Les enfants se souviendront surtout de la fête foraine. Samuel et Louise étaient heureux  comme tout au volant de leur petite voiture rouge à conduire sur les allées du parc. Ils semblaient prêts à partir au bout du monde ensemble. Les grands plutôt de la belle balade en trottinette à travers les jardins et parcs longeant le fleuve principal.

Nos tours de roue nous mènent à Vadai dans un un joli monastère, isolé du monde sur une presqu’île. Des chants résonnent à notre entrée dans l’église. Une litanie envoûtante qui captive le trio. Immobiles et silencieux (fait rare), ils écoutent attentivement les chants qui semblent entamer l’office du soir de ce dimanche. Les personnes prient debout. Il n’y a pas de chaise ni de banc.

Les enfants jouent plus ensemble (et nous jouons beaucoup plus avec eux aussi !). Avec peu de jeux, peu d’activités. Ils se contentent de peu. Un avion acheté sur un marché leur offre les heures de jeu à trois. Samuel revient dépité « avion cassé maman. Papa colle. » Ils improvisent des terrains de jeux n’importe où. Sam et Loulou aiment sortir facilement les trottinettes. On dessine à la craie des parcours. Ils prennent possession du décor. Changeant mais toujours avec des possibilités de jeux ! Nous laissons souvent des dessins colorés à la craie sur notre passage.

Après notre belle et paisible nuit près de ce monastère, nous avons repris notre chemin vers St Petersbourg puis déjeuné sur le bord de la route. L’air de rien, un petit café sans prétention dans une station essence, nous a valu un délicieux déjeuner. Et une scène assez cocasse. Le menu n’était qu’en russe comme souvent. J’ai naïvement demandé : «Do you speak English ?» L’air gêné, la serveuse est allé chercher une dame qui jardinait sur un petit lopin de terre devant. Cette dame est revenu accroché à son téléphone au bout duquel son fils parlant anglais a tenté de nous traduire le menu. Je montrai des plats proposés sur le guichet ou tentais un vague meat ou chicken. Et il traduisait à sa mère. Ou alors il me proposait des plats et je validais en anglais, lui traduisait, puis la serveuse notait en russe. Long mais un bon moment partagé avec des locaux. Moment plutôt rare. Notre voyage n’est pas forcément un voyage de rencontres. Nous sommes toujours heureux d’en faire mais avec les enfants ce n’est pas toujours facile d’aller vers l’autre. Non pas que les enfants freinent la rencontre, ils peuvent même y être pour beaucoup et la créer. Le problème est notre capacité assez faible à être disposée à parler avec les autres. Il faut gérer le trio en permanence. Chaque seconde.

Nouvel arrêt le lendemain sur une aire d’autoroute avec les camionneurs qui font leur pause habituelle. Et les familles qui font une pause sur la route des vacances. Le menu en anglais facilite notre commande. J’aime voir se dérouler hors des villes et des sors touristiques ces tranches de vie plus authentiques. Attablés près de nous, ces gens nous observent un peu, de loin. Nous de même. Il y a des soupes et du thé sur toutes les tables. Nous dégustons des plats de viande avec des frites, des salades en entrée et des glaces. Une fois n’est pas coutume : un repas complet !

Novgorod. Nous avons visité en fin de journée cette importante ville qui nous rapproche de Saint-Pétersbourg. Les enfants ont enjambé leurs trottinettes. Nous avons visité le Kremlin puis l’aire de jeux non loin de là. Le temps était gris et pluvieux. Mais qu’importe. La ville nous a plu. Nous avons rejoint le monastère St Georges en dehors de la ville pour dormir au calme !

Sam apprend des mots nouveaux tous les jours. Continuellement. Il y a encore un peu de travail dans la construction syntaxique mais on comprend l’idée générale.
« Moi pas pue. » Suite couche odorante (et langage familier des autres!). « Moi pas bonne nuit. Pas bisous. » D’un tempérament assez décidé, notre petit bonhomme sait ce qu’il veut. « Moi veux marcher. Moi veux pas poussette. Moi veux tinette. » (trottinette). Cet enfant a une résistance qui nous épate. « Moi veux pas dors. Moi veux dors. » Indécis ce petit. Surtout quand il est assommé par la fatigue ! « Moi garder habits. Garder doudoune, pull, chaussettes. » Les sessions d’habillages et de déshabillages sont fastidieuses. Il faut jongler entre la gestion de l’autonomie naissante, les envies et le savoir-faire de monsieur. « Moi veux de l’eau. Foif. » Depuis que le thermomètre monte surtout !
« Y a des jeux ! » Samuel les yeux rivés sur la route et le paysage ne rate pas une aire de jeux et fait des annonces régulières. C’est réjouissant de notre ses progrès de langage. Réjouissant car nous suivons de près son évolution au fil des journées passées ensemble. Nous avons ce temps offert pour voir grandir nos enfants au jour le jour. Heure par heure même. Une chance que nous saisissons à chaque instant. Je redoute tellement le temps qui file. Nous sommes comme suspendu hors du temps pendant cette aventure. Tout se joue au ralenti. Quelle chance !

Le parc et palais de Pavlosk enchantent toute la famille. Cette journée ensoleillée au vert avec une touche culturelle a tous les ingrédients pour être belle et réussie. « J’aime visiter des musées. Tout est beau dans ce palais. C’est intéressant d’apprendre comment on vivait avant. » Jeanne, les yeux brillants dès qu’on entre dans des lieux historiques et des musées. Cette soif de savoir est absolument géniale. Elle nous porte. Les enfants dansent dans les couloirs du palais avec leurs sur-chaussures en plastique prêtés à l’entrée pour ne pas salir les lieux. Les surveillantes serrent les dents à notre arrivée dans chaque salle. La présence d’enfants paraît les rendre assez irritables. elles semblent vouloir prendre en main l’éducation de nos enfants. Cette impression que les autres pensent gérer nos enfants à notre place (et mieux que nous !) est très insupportable ! Je peux devenir à mon tour parfaitement irritable. Nous avons droit à des regards noirs et des doigts posés sur la bouche en signe de chut. Je leur rends leurs regards noirs. La barrière de la langue s’est envolée subitement. Seul un écran tactile à la sortie nous donne quelques informations historiques. Plus de 16000 livres déplacés vers les pays baltes avant l’arrivée des ennemis pendant la guerre. Une reconstruction d’un quart de siècle. Une visite tout en arrondi. Joli et très bien restauré et conservé. Clinquant, brillant, et doré ce palais.

Nous avons loué des vélos pour sillonner dans le parc. Tous les 5 sur nos vélos, nous déambulons dans les allées du parc. Louise réclame souvent son vélo. Aujourd’hui, elle profite à fond. Elle pédale avec énergie sur son petit vélo guidant la troupe. Elle dévale les montées et me fait peur dans les descentes mais elle maîtrise. Il faut dire que tous les matins d’école avant notre grand départ, Louise m’accompagnait à la crèche pour déposer Samuel en vélo. Elle a acquis de bons réflexes.

Des écureuils peu craintifs s’approchent. Les enfants sont heureux de les caresser et de leur donner des noisettes. Ces écureuils semblent habitués aux touristes. C’est touchant de voir les enfants jouer avec eux et leur donner des noisettes de leurs petits doigts.

9 mai. Fête nationale de la victoire. Des banderoles 1941-1945 sont accrochées partout. Bonnets militaires kaki vissés sur la tête pour beaucoup de russes. À la main, ils tiennent des panneaux de photos en noir et blanc de leurs ancêtres. Jolie journée au Versailles local : le parc Sainte Catherine. Des palais bleues vifs, des fontaines, des allées bien dessinées. Louise a décidé que ce serait une journée sans appareils. Et pourquoi pas après tout ? Elle se permet des petites pauses, des journées off. À la maison, parfois le dimanche, elle demande et on accepte toujours. On ne peut pas lui imposer. Cependant les jours d’école, elle part toujours avec, elle sent qu’elle en a trop besoin certainement. Pour suivre en classe, les appareils sont nécessaires. Ils atténuent sa fatigue, améliorent sa concentration et ne l’écartent pas des moments de récréation entre amis comme des temps de classe.

Je finirai en vrac avec quelques notes décousues. J’écris des bribes de récits, des remarques à chaud, des observations. Après je les relate en tournant joliment les mots pour écrire ce blog. Et je les relie approximativement ! Ce qui suit est un peu travaillé mais je passe un peu du coq à l’âne, vous ne m’en voudrez pas !?

J’aime le décalage de choix vestimentaire entre les russes et nous. Ils ne quittent pas leurs manteaux. Nous enlevons des couches dès qu’il y a un rayon de soleil. Les enfants russes ont encore leurs bonnets en permanence. Les nôtres sont rangés depuis longtemps. On mange des glaces souvent mais eux aussi pour le coup !

J’aime ma borne wifi… soit mon mari ! Je m’explique. Il a en permanence un boitier noir avec une carte sim connectée. Nous pensions ne pas être beaucoup reliés au net en Russie. Notre forfait étant extensible en Europe seulement. Nous avons finalement craqué pour une carte qui nous donne accès à du wifi en permanence pour un mois. Pour 10€ seulement.
Nous étions un peu boulimiques au début (après deux mois sans accès illimité où nos recherches de wifi étaient fréquentes). Nous le sommes un peu moins mais il y a certaines facilités. Vérifier la route, un site, chercher une info. Et surtout communiquer avec la France ! C’est agréable d’avoir vos messages en temps réel, de pouvoir y répondre dans la foulée. De rester connecté en somme. Au propre et au figuré. Avoir les infos aussi. Et France Inter. Notre radio chérie. À la maison, la radio est allumée très souvent. En voyage c’est différent mais on aime se brancher pour un flash info, une voix connue, une émission.

J’aime l’élasticité de nos enfants qui sont certainement en caoutchouc ou chewing-gum mais certainement pas en chair et en os. Louise est tombée du lit. Donc une sacrée hauteur dans le camion. La barrière qui protège les filles a sauté car elle avait bougé pendant la nuit et sa tête appuyait dessus. Bref, elle est tombée, mais heureusement Baptiste ayant entendu la barrière lâcher a bondi et amorti la chute de Loulou. Quelle frayeur ! J’ai hurlé et réveillé tout le monde. Samuel tombe régulièrement à trotinette, mais se relève sans une larme et reprend sa course folle. Il se fait des bosses, des égratignures, des bleus mais repart toujours de plus belle. SI tu n’es pas un casse-cou, tu n’es pas un vrai numéro 3 ! Ou petit dernier en tous cas. Jeanne tombe moins souvent mais a fait une sacrée chute en trotinette. Rien de grave, mais une belle frayeur. Je l’ai entendu hurler de loin, assise au sol. Je m’imaginais déjà foncer à l’hôpital. Plus de peur que de mal. Les heures de surveillance nous donnent un bon bagage de bobos d’enfants soignés et de zénitude certifiée.

J’aime quand on chante à tue-tête en roulant. Des Walt Disney, des tubes à nous, des tubes des enfants, des tubes des parents. Louise lit sur mes lèvres en dansant énergiquement. Je chante en me retournant face à elle pour l’aider à comprendre, enregistrer et répéter les paroles. Un réflexe que j’ai vite pris. Elle ne me regarde pas dans les yeux quand on chante ensemble mais se concentre sur mes lèvres. Samuel danse au bout de trois notes de musique, tape des mains énergiquement et chantonne en rigolant. Jeanne, danseuse grâcieuse et affirmée dans ses goûts musicaux, lève la tête de son livre quand la musique lui convient.

J’aime toujours écrire. Je vous imaginais en début d’article lisant mes récits. Sachez que j’écris souvent le matin de bonne heure. Dans le calme du camion. Les idées au clair. C’est mon moment de solitude. Et je peaufine le soir, dans l’obscurité du camion, quand je ne tombe pas de fatigue ! Parfois en roulant, parfois en marchant (quand j’ai trop peur d’oublier un moment particulier), souvent à chaud. Toujours sur mon téléphone. Sauf pour la publication du blog, car j’insère les photos choisies à deux pour illustrer mes écrits. J’aime ce moment où l’article prend sa forme finale. Textes et images croisés s’intercalent et le voyage prend vie par ces mots et ces photos.

J’arrête là ma fin de récit un peu bancale. Nous venons de passer la semaine à St Pétersbourg en famille élargie. Nous vous raconterons tout dans le prochain article. La ville fut un vrai coup de cœur. Une bulle de confort dans un appartement en plein centre historique a ajouté du charme à cette parenthèse familiale. À nous douches et toilettes à volonté !

Je vous dis à bientôt. Nous sommes actuellement sur la route pour rejoindre la Finlande qui est toute proche.  Après un mois en Russie, hâte de découvrir la Scandinavie. Un autre décor nous attend !

Bises à tous,
Portez vous bien.

JuBaJaLouSam.

15 COMMENTS
  1. Quelle surprise de vous lire un samedi!!!
    En ce qui me concerne je lis d’une traite (le lundi soir)!! Je voyage à travers vos récits.
    J’ai fait une pause dans le lecture de votre tour du monde afin de ne pas mélanger les récits.
    Merci pour ce beau partage. Hâte de voir Saint-Pétersbourg !!

    Ingrid 5 ans ago Reply
  2. Toujours un plaisir de lire vos merveilleuses aventures !!!
    Des bisous de la Haute-Savoie,

  3. J’ouvre mes mails et je vois « un nouvel article… », ma 1ère réaction c’est de me dire « chouette ! », ensuite je l’ouvre et je commence à lire et puis comme il faut un peu de temps et qu’à ce moment là je ne l’ai pas forcément, je le referme vite pour ne pas me le dévoiler. Je préfère découvrir l’intégralité d’un coup, me garder la découverte pour un moment serein et détendu. Et enfin je lis tout, en souriant, peut-être un peu niaisement, un peu réflexe (comme on ouvre la bouche quand on tend la cuillère en donnant à manger à un petit enfant) parce que ça fait plaisir de vous voir profiter de la vie, des uns des autres. Un peu de nostalgie aussi parce que mes enfants sont grands et que nous sommes passés à un autre moment de notre vie et que c’est arrivé tellement plus vite que nous ne l’avions imaginé…
    C’est un peu comme une série dont on attend l’épisode suivant avec impatience 😉
    Bises à tous les 5 et profitez bien
    Sophie

    sophie 5 ans ago Reply
  4. Et oui, on s habituait à vous lire le lundi , d’un seul coup , au bureau ;j’ aime tes notes et remarques sur votre vie , les rencontres les lieux où dormir…j’aime les photos : je n imaginai s pas les maisons aussi colorées! Et là, j’adore la casquette de Sam , elle lui donne un air encore plus coquin!! Et bravo les filles pour la prise en charge de Sam dans les jeux et autres..;
    Bises à tous les cinq

  5. Merci pour ce nouveau récit de vos voyages et de vos aventures, toujours aussi plaisant, captivant, intéressant,
    Je savoure la lecture de votre blog seule à la pause café du jour, un régal,
    j’ai adoré « je saute sur mes casseroles » expression savoureuse et très imagée de Moy passée à la génération suivante, 👏,
    A vous lire,
    Très affectueusement dès six Donnarumma

    Donnarumma 5 ans ago Reply
  6. Bonjour,
    Ben pour moi, c’est l’histoire du soir raconte par maman sur le lit entre papa et maman
    C’est toujours un plaisir de lire vos aventures
    J’espere que tous le monde va bien malgré les nombreuses chutes
    Bisous à tous le monde a la semaine prochaine

    Laurent 5 ans ago Reply
  7. Ici une certaine M. adepte comme Jaja du trio nutella saucisson pâtes ! Merci pour la dédicace !
    Top ce nouveau blog. J’aime l’alternance entre vos découvertes et les anecdotes de votre quotidien, j’aime partager avec vous ce que vous avez vu et aimé, mais aussi lire les réflexions et progressions de Jaja, Loulou et Sam. Les savoir si complices et proches est un régal ! Ils nous manquent, vous nous manquez. 3 mois c’est beaucoup et si peu. On tiendra le coup jusqu’à mi août !
    Tout à l’heure, un certain M a dit en démarrant la voiture « allez en route ! », et un certain G s’est écrié « on va rejoindre les Jubajalousam !!?? »
    Gros bisous
    Ps : je lis ton blog d’une traite, aussi vite que je peux après avoir reçu le mail qui l’annonce

    M 5 ans ago Reply
  8. merci de me faire partager votre voyage, récit que j’ai lu avec Patrick de passage rue Rochechouart à paris 9.
    bises à tous
    Hélène Cuénot

  9. De mon côté, je regarde d’abord les illustrations puis je lis le texte, long et pluriel entre récits de voyage, d’aventures & de vie quotidienne !
    Plutôt le lundi matin au petit déjeuner mais en fait, quand le message de mon abonnement me fait signe ! Et j’aime également lire les messages qui rebondissent laissés par des lecteurs \ lectrices.
    Bravo pour le street-art à la craie,
    attention à ne pas oublier Jeanne au bord de la route quand cette dernière est plongée au sens propre dans son bouquin ?
    À quand un bout de blog rédigé par les loulottes dans l’idee d’une transmission mère filles comme la déclamation de l’expression savoureuse entendue tellement dans mon enfance quand il s’agissait de mettre les bouchées double pour assurer le repas de la tribu affamée …
    Je note entre père et fils la transmission de l’amitié des bêtes !
    Des bises ensoleillées de

    Maé 5 ans ago Reply
  10. J’attends sagement le mail qui annonce de vos nouvelles fraiches. J’attends d’avoir un peu de temps devant moi pour pouvoir le lire d’un coup et au calme. En général c’est le matin, en rentrant de l’école après avoir déposé mon Lutin. Un café à la main, l’ordi sur les genoux, et le chat qui vient ronronner sur mon ventre énorme.
    Et je dévore tout avec le sourire aux lèvres.
    Bisous doux

    Cha 5 ans ago Reply
  11. Lecture du soir, tranquille au fond de mon lit… Te lire, c’est rêver un peu, repenser à nos propres voyages, échafauder des plans futurs & constater que la guide que j’ai connue n’est pas bien loin à chanter comme une dingue, nut au petit dej & 5ème devant une petite série… Biz à vous tous…

    Emmanuelle Biz 5 ans ago Reply
  12. Super,vraiment cela peut faire naître des gout de voyageurs nomade.Est le nutella Russe est il bon?Sinon incroyable se que vous avez.

    Gabriel 5 ans ago Reply
  13. Ah….. que c’est bon ! Moi je te lis du fond de mon lit, après le tumulte de la journée, quand la travailleuse a laissé place à la maman qui a laissé place à l’amoureuse qui a laissé place à la fille qui se souvient de sa vie de jeune voyageuse ! 😊 Je revis mon année russe sur vos pas c’est drôle … serguei posad m’avait aussi bcp impressionée… merci pour ces épopées chaque fois plus touchantes, j’aime tellement ces allers retours entre vos découvertes, vos images, vos intimités, vos 3 loustics qui grandissent… juju, tu es top, ne change rien ! 😘😘😘 miss you all

    Noémie 5 ans ago Reply
  14. Moi, je vous lis à la sieste, mon temps calme… et tente de persuader Régis de partir en voyage la seconde d’après avec les filles! Vous nous vendez du rêve!
    Plein de bises

    Florentine 5 ans ago Reply
    • Cool de savoir que tu suis l’aventure ! Bisous à la petite famille

      juju 5 ans ago Reply

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