Salut la famille,
Salut les amis,
Se laisser séduire. Maître mot de notre escapade danoise. Ce dernier pays scandinave nous a largement séduit, je dirai même plus il nous a carrément emballé. Des vélos, des pistes cyclables. Des champs de blé, des éoliennes, des chaumières. Des îles, des ponts, des plages. Des parcs d’attraction. La destination idéale en famille. Vraiment. On a adoré et adhère complètement à ce dixième pays du périple.
Se réjouir. La description du guide souligne le caractère heureux de ce pays et la priorité faite au bonheur de l’enfant. Le sourire scotché aux lèvres des nôtres le confirme rapidement. Tout est pensé pour eux. En ville, dans les musées. Partout. Dans les activités proposées. Dans la multitude de parcs d’attraction. Dans toutes les attentions, les aménagements. L’enfant est au cœur de toutes les préoccupations. Réjouissance générale pour nous.
Se lancer. Copenhague. Nous arrivons par un pont-tunnel étonnant d’ingéniosité qui relie la Suède au Danemark. On voit au loin le pont qui s’engouffre dans l’eau à travers une île et se transforme subitement en tunnel. On plonge avec méfiance puis on ressurgit comme par magie en banlieue de Copenhague. Dingue.
Ouvrir grand les yeux. Copenhague est notre capitale coup de cœur du voyage. Charmés d’emblée, la ville est facile à visiter en reliant les quartiers à pied. Le centre est dense mais largement piétonnier même si ce sont surtout les vélos qui dominent. Absolument partout. La moitié de la population se rend en vélo au boulot. Des pistes cyclables partout. Des parkings à vélo partout. Des magasins de vélos partout. Copenhague est la ville du vélo. La circulation est fluide en camion car les voitures sont peu nombreuses. Les axes sont peu encombrés.
Se retrouver. Tim (mon frangin) et Claire (ma belle-soeur donc) débarquent le soir de notre premier jour dannois. Leur atterrissage tardif n’a pas freiné l’envie de Jeanne et Louise de les embrasser dès leur arrivée à l’aéroport. Je garde Samuel à l’appartement loué (nous nous endormons tous les deux) pendant que Baptiste et les filles traversent la capitale de nuit. C’est parti pour 3 jours à 7.
S’attendrir. Tim prend la poussette. Porte Sam. Écoute Jeanne et ses histoires mythologiques. Claire prend la main des filles. Elle chante trois petits chats avec Louise. Joue avec Sam. Fait tourner sa robe avec les filles en robe aussi. Ils font de la balançoire tous ensemble. C’est chou de voir les petits profiter d’eux autant. C’est chou de voir Tim et Claire, nos jeunes mariés préférés, jouer leurs rôles de tonton et tata à 200 %. 3 jours c’est court. Chaque instant compte.
S’aimer. Tim est le parrain de Jeanne. Ils ont un lien fort. Ils peuvent parler longtemps. De tout et de rien. De tout et de n’importe quoi. Ils s’adorent. Et Jeanne parle beaucoup et souvent de son parrain chéri. Je trouve qu’ils se ressemblent un peu. Leur lien dure avec les années. J’aime bien leur relation à la fois drôle, touchante et attentionnée.
Découvrir. On part à pied en ville. Histoire de s’imprégner au maximum. On marche pas loin de 10 kms. La veille, en attendant leur arrivée on avait déjà parcouru la même distance. Le centre de Copenhague se parcourt très bien à pied. C’est facile de se repérer. Les ruelles piétonnes sont nombreuses. On marche le nez en l’air, le guide dans une main, l’appareil photo dans l’autre. On papote, on rigole, on s’imprègne, on voyage.
Déjeuner. Partager. Dans un marché où chacun pioche les spécialités qui le font saliver. Les grandes tables à l’extérieur se partagent. Esprit de convivialité et délices gourmets sont au rv. Attablés tous les 7, on est bien. En plein soleil, en plein Copenhague. Heureux de ce temps ensemble.
Visiter. Nous montons à la tour de Rundetarn avec vue lointaine sur la capitale et une amusante montée en colimaçon sans escalier. Un chemin tourne continuellement et nous emmènent au sommet. Cette ancienne bibliothèque (déplacée parce que trop exiguë) amuse les petits qui gravissent puis dévalent à vive allure cet étonnant monument.
Imaginer. Nous avons également visité la bibliothèque universitaire de la ville qui mêle ancien et nouveau avec une avancée sur l’eau tout en ligne et en verre qui agrandi le bâtiment et lui offre une vue plongeante sur le canal. Les filles étaient déçues car il n’y avait pas de pôle enfant. Nous venions de passer un long moment dans une aire de jeux avec filets, trampolines et parcours dans ses alvéoles géantes qui les avaient beaucoup amusées. À Copenhague les enfants ne sont pas en reste.
Photographier. Le quartier Nydhag est l’image phare de la ville. Des alignements de façades pastels. Les lieux grouillent de touristes mais le charme justifie la foule. Le chassé-croisé des bateaux touristiques est impressionnant. Les capitaines gèrent les manœuvres les yeux fermés. Les pieds fatigués, un verre en terrasse est le bienvenu. Face à nous des baigneurs piquent une tête. Se baigner à Copenhague semble facile et inscrit dans les moeurs locaux. Des échelles sont installées partout sur les quais. Des pontons avec plongeons. Des bancs, des esplanades, des transats. La ville a un air de vacance permanent.
Admirer. Le Musée du design boucle la journée. Le design dannois est mondialement connu. Le raffinement est omniprésent. La place de l’objet tient une place de choix dans la vie quotidienne. L’objet brille tant par sa beauté que son utilité. Les magasins, les restos sont joliment agencés, les vitrines sont alléchantes. Rien n’est pensé à la légère. L’allée des chaises nous plaît particulièrement à tous. Et nous reconnaissons la chaise de bureau de Jeanne. Nous retrouvons des objets connus dont nous ignorions l’origine danoise. Baptiste passera par un magasin de lampes avant notre départ de la ville. Ces fameuses lampes de Louis Poulsen. Mais si, voyez la photo ! Retour en bus, silencieux, les pieds fatigués, des images plein la tête.
S’extasier. Se poser. Repas à l’appart, jeux de société, lectures et jeux pour les petits. L’appart est beau. Pas une faute de goût. On se verrait bien y vivre, on ne changerait rien ! Un vrai nid douillet. C’est si bon de gagner des m2 de vie. Les enfants jouent avec les jeux de leur chambre. Legos, déguisements, poupées, animaux. Tout y passe. Ils sont comme des fous. Nous savourons tous cet espace de vie éphémère. Parce qu’on s’y sent bien. Et puis parce que toutes ces pièces nous étourdissent agréablement. C’est grand. La pièce à vivre est aérée et si spacieuse. Un régal. On ne se marche pas dessus. Chacun peut respirer et vaquer à ses occupations. Je parle pour JuBaJaLouSam, par comparaison avec notre camion ! Camion chéri mais camion petit. On se questionne avec Tim et Claire « Certains danois ont mauvais goût ? » Tout est beau. Comme fréquemment en Scandinavie mais peut être un cran supplémentaire au Danemark.
S’envoler. Parc de Tivoli le jour suivant. Un des plus vieux parcs d’attraction au monde. Journée magique. Journée de rêve. Sourires aux lèvres pour tous. Notre carte illimitée est largement rentabilisée ! Louise un peu effrayée au début par des montagnes russes (rapides et sombres pour sa première attraction) a vite repris le dessus ! Jeanne a fait toutes les attractions que sa taille lui autorisait. N’a eu peur a aucun moment, était même souvent hilare en haut des manèges à sensation. Même le grand huit, qui m’effrayait rien qu’à le regarder d’en bas faire ses boucles, Jeanne l’a adoré ! Toujours entourée de Tim et Claire, Baptiste parfois, elle a profité de chaque seconde. Son sourire éclatant du matin au soir faisait plaisir à voir. Samuel a participé à différents manèges adaptés à son âge. Il a testé toutes sortes de moyens de locomotion. Louise, un peu entre deux, a navigué entre le groupe des grands et celui des petits. Pour ma part je ne suis pas une grande fan des manèges à sensation. Les voir rire et hurler ensemble dans les manèges m’a réjoui tout autant.
Naviguer. Pour le dernier jour avec Tim et Claire nous avons réservé la location d’un bateau électrique pour sillonner les canaux de Copenhague. On glisse sur l’eau sans un bruit. Tim, Claire et Baptiste se relaient à la barre. Louise tente aussi le coup. La ville nous apparaît différemment vu de l’eau. C’est joli aussi. Le ciel est gris mais on photographie. L’eau est omniprésente à Copenhague. Des canoe, des paddles, des bateaux. Les gens découvrent la ville et se l’approprient au gré des flots.
Traverser. Copenhague ensoleillée est si belle avec ses lignes, ses courbes, ses ponts. Ces ponts me fascinent. Souvent réservés aux piétons et aux vélos, ils sont épurés et joliment dessinés. Nous les avons admiré. De loin, de près. Du dessous en bateau, du dessus à pied. Et maintes fois photographiés.
Manger. Marcher. Le soleil est rapidement revenu pour notre déjeuner. Un sandwich sur un banc dans le quartier de Christiana. On regarde la vie fluviale défiler.Une belle balade piétonne dans Christiana, ce quartier né d’une expérience sociale des années 70, nous occupe en début d’après-midi. Fondé par des squatteurs à l’origine, le quartier n’a cessé d’attirer les anticonformistes du monde entier. Il a résisté aux menaces de fermeture et demeure en l’état aujourd’hui. Un étonnant mélange de touristes et de marginaux déambulent dans ce lieu atypique. Marcher reste le meilleur moyen d’en voir le plus. Au rythme de nos pas, on peut observer chaque détail, chaque scène de vie. Notre œil curieux va de gauche à droite, de haut en bas. Chacun attire l’autre sur ses propres trouvailles.
Récompenser. Les filles râlent parfois en fin de journée après des kms alignés mais savent repartir de plus belle après une pause, un goûter, un tour de balançoire. Nous dégotons d’ailleurs un super parc avec des vélos en libre-service, un baby-foot, une tyrolienne. Les parents danois jouent avec leurs enfants. Ils ne quittent pas leur progéniture. Ça paraît bête de le souligner mais ils sont en symbiose permanente. Je suis assez admirative. Ils jouent au sable, pédalent ensemble sur des vélos pourtant mini, ils ne font rien d’autre. Pas de temps perdu sur leur téléphone. Jamais. À peine des discussions entre eux. 100% parents. Je ne dis pas qu’on lâche les nôtres sans s’en occuper comme des parents indignes mais je vous l’ai déjà écrit, le parc est notre pause parentale. Bref, chacun fait comme il peut, comme il veut. Nous passons quand même 6 mois avec nos 3 enfants sans autre relais d’adulte. Au delà du bonheur de ce voyage qui n’appartient qu’à nous, il y a une certaine performance. Un défi relevé. Nos enfants ne comptent que sur nous. C’est assez angoissant parfois mais nos liens ont évolué. C’est le plus bel objectif réussi : mieux connaître ses propres enfants et leur consacrer plus de temps qu’habituellement. Claire et Tim ont pris notre relais pendant leur séjour et c’était fort appréciable. Pour tous. Merci.
S’émouvoir. Quand Jeanne s’écrit « Vous êtes les meilleurs parents du monde ! » ou que Louise, parfois très impatiente du retour, réalise que bientôt nous ne serons plus ensemble toute la journée, mais bien séparés avec chacun notre route, et que je vois passer sur son visage une onde de nostalgie en avance. Je réalise le chemin parcouru, notre avancée ensemble et notre incroyable aventure avant tout humaine. Et quand j’y pense, j’ai moi aussi des noeuds au ventre. Comme ma Loulou la sensible, l’émotive. La rentrée se rapproche et les rêves étranges de la panne de réveil ou de l’angoissant -ma classe n’est pas du tout prête- commencent. Les gens entament leurs vacances alors qu’on les termine. On est à contre-courant. À contre sens.
Profiter. Revenons à notre dernier jour avec Tim et Claire. Après le bateau et la marche vient le temps de la pause. Divertissante plus que reposante. Posés face au canal, le temps passe paisiblement. Pétanque. Avion. Brouette. Jeux de chats. Nos enfants sont increvables. Tim et Claire aussi ! Nous prenons une bonne glace sur cette pelouse devenue notre terrain de jeux. Devant les ploufs des baigneurs du dimanche qui sautent d’un plongeoir en forme de bateau dans une piscine boisée sur le canal. Nous profitons de Tim et Claire jusqu’au bout.
Se quitter. C’est l’heure du départ. Déjà. Nous déposons les amoureux à l’aéroport. Jeanne a le cœur gros. Après un long câlin dans les bras de son parrain adoré, et un dernier bisou, les larmes coulent doucement sans faire de bruit. Serrée dans les bras de Baptiste pour rejoindre le camion, je la regarde émue. Je me sens toujours coupable de leur tristesse liée à cette séparation de longue durée de notre environnement familier. Ce voyage a ses limites. Bientôt nous serons de retour. Le cœur gros de la fin de cette aventure mais le cœur heureux de retrouver ceux qu’on aime.
Créer. Le lendemain nous improvisons une journée activités créatives. Cerf-volant et peintures sur chevalets au programme grâce à une animation proposée aux enfants juste devant notre spot pour la nuit. Un tour en trottinette nous permet de confirmer que Sam est bien remonté en selle, sans peur ni rancune depuis sa chute qui lui donne aujourd’hui un sourire édenté non sans charme.
Rencontrer. Sortis de Copenhague, un peu à regrets mais nous y avons déjà passé 5 jours, nous montons plus au nord. Un ponton au soleil et des petites filles françaises en vacances avec leurs grands-parents grâce à un échange de maison (l’idée me plaît) offrent à Jeanne et Louise une nouvelle pêche au crabe florissante. Ce ponton nous retiendra deux jours avec une visite au musée entre deux.
Se cultiver. Le Musée Louisiana précisément. Dont l’atelier spécialement conçu pour les enfants montre que ce pays a tout compris. Mettre l’enfant au centre de ses préoccupations et de ses aménagements permet de séduire toutes les familles. Giacometti. Bacon. Warhol. Picasso. Calder. Miro. Donner le goût de la culture à ses enfants. Leur faire connaître et retenir certains noms. Regarder ensemble une peinture, une sculpture, une photo, un dessin. Échanger sur ses émotions, ses coups de cœur. Comprendre le monde et les époques à travers l’art. C’est source de tellement de richesses, de pistes. On affectionne de plus en plus les musées d’art en famille. Les petits y sont de plus en plus à l’aise. La condition d’un plaisir partagé est de respecter le rythme et les envies des enfants. Ce qui me convient très bien car leur rythme correspond au mien ! Je ne suis pas du genre à m’attarder des heures dans les salles de musée. Je papillonne, je veux en voir le plus. Je lis peu les écriteaux (la langue n’aide pas en voyage) car je préfère me concentrer sur l’œuvre plutôt que son contexte. Ma mémoire est visuelle. Je regarde, j’observe, j’imprime. Les formes, les couleurs, les matières. À deux, trois, quatre ou cinq, on admire, on découvre ensemble.
Bricoler. Nous passons plus de deux heures dans l’espace entièrement dédié aux enfants. Découpage, bricolage, poterie, peinture. Tout est permis, tout est possible. Nous ressortons avec les mains chargées de trésors artistiques. Nous terminons la visite avec le parc. Sa vue dégagée sur la mer avec les statues de Miro et les mobiles de Calder est sublime.
Ralentir. Le Danemark est constitué de plus de 400 îles. La mer n’est jamais à plus de 50 kms. Bon point pour ce petit pays facile à visiter. Les distances sont courtes. C’est très reposant. Ce n’est pas la course contre la montre. Il n’y a pas le stress des kms à aligner. On se laisse porter. On avance au gré de nos envies. Le temps s’étire. Notre seul timing est maintenant celui de la ligne d’arrivée. À Camaret, le 11 août. Venez !
S’isoler. Étape suivante : Île de Møn au sud du Danemark. Petite et charmante. Des champs de blé, des petites routes de campagne où il est difficile de se croiser. Des plages, des falaises, des jolis hameaux de chaumières et des églises aux fresques colorées. Nous débutons par l’ile de Nyord à la pointe nord de l’île de Møn. Un pont mène à une seule issue, une seule route, un seul village : Nyord du même nom. Un village sans voiture. Des maisons aux jardins fleuris et des brocantes en self-service à chaque coin de rue. On achète de la confiture maison puis on glisse notre petit billet dans un pot laissé là. Les brocantes semblent quasi permanentes. On dîne devant une plage qui s’étire avec ses dunes herbeuses et son rivage entre sable et galets. On s’amuse à se photographier avec le drone. On pensait dormir ici mais une passante nous rappelle que nous devons quitter les lieux avant 22h. Un minuscule panneau à l’entrée du parking confirme l’interdiction pour les camping-car de s’y garer la nuit. Sur l’île, ils ont l’air assez pointilleux. Le camping voisin y est sûrement pour quelque chose. On retourne légèrement en arrière et nous stoppons notre bolide en bordure d’une réserve d’oiseaux, face aux marécages, et à un petit pont à sens unique. Le coucher de soleil est de toute beauté. Le calme est reposant dans cette belle nature qui s’offre à nous.
Creuser. Dans le passé. Comme des archéologues en herbe. Les falaises de Møn sont l’attraction touristique de l’île. Blanches, de craie, elles surplombent et découpent le rivage au sud de l’île. Le musée attenant informe les visiteurs sur la formation de cette falaise et les richesses géologiques qu’elle contient. Notamment la vie des dinosaures, passionnant pour les enfants. Les filles découvrent l’existence des fossiles. Sam joue avec de multiples expériences sur l’eau, l’air, le sable. Les filles créent des ardoises en peignant avec une peinture spéciale. Il y a des films en 3D sur la vie et la découverte de fossiles de dinosaures. On achète à Louise une brique en plâtre qu’elle doit casser minutieusement pour découvrir un squelette de tyannosaure. Avec les moyens du bord, un tournevis et une pince, elle casse petit à petit sa brique. Et découvre tête, queue et corps. Passionnée, elle s’attelle avec précaution à gratter le plâtre autour du dinosaure. Et fignole au pinceau. Tout ça à la tombée de la nuit puis le lendemain matin face à la plage où nous avons dormi. Trop impatiente.
Faire durer. Tous les bons moments qui s’additionnent ont un petit goût de fin et de dernière fois mais ils n’en sont que meilleurs ! Chercher un bivouac pour la nuit. Se coucher en regardant le soleil disparaître et colorer le ciel de lignes roses et jaunes. Manger dehors matin, midi et soir. Regarder un film blottis tous les 5 sous la couette. La guerre des boutons notamment. Ce qui vaudra à Louise l’idée de menacer sa sœur à une de leurs disputes : « Attention sinon je coupe tes boutons ! » Lire un livre d’une traite au soleil de bon matin quand le camion est encore endormi. Seule sur mon banc ensoleillé ou dans mon fauteuil en bordure de forêt. Un petit déjeuner sur la plage. Des glaces, des ploufs dans la mer, dans les lacs. Chaque moment s’inscrit durablement.
Apprendre. Le Danemark restera pour Samuel, l’apprentissage de la propreté. Un point dans l’éducation dont je me passerai bien tant je le trouve angoissant avec ce passage obligatoire avant la rentrée scolaire ! Et difficile, notamment en voyage itinérant sans machine à laver. Mais il y a eu des améliorations assez rapides, nous n’avons rien lâché. Samuel n’est pas encore complètememt propre, mais il progresse de jour en jour. Les accidents diminuent. Nous avons enlevé les couches (la journée) depuis une dizaine de jours et il accepte maintenant d’aller sur le pot régulièrement, apprend à se retenir et prend conscience qu’il n’a pas réellement d’autre choix !
Partis de :
-Sam tu vas sur le pot?
-NON. moi veux pas. Pas caca, pas pipi. M’énerve moi.
Nous sommes arrivés à :
-Sam, tu veux faire pipi ?
-Oui, veux aller sur le pot. Moi grand garçon, pas petit bébé. Veux aller à l’école moi.
Il faut négocier souvent, prendre des changes en série dans nos sacs, et laver beaucoup et souvent mais on va y arriver !
Grandir. Jeanne entre doucement dans la période de l’adolescence et ne mâche pas ses mots. « Laisse tomber. Vous êtes tous lourds. C’est pas juste. » sont des formules devenues des quotidiennes et défouloires. « Si tu me confisques ma liseuse, je démonte le camion pièce par pièce. » Elle peut s’avérer parfois menaçante, surtout quand on s’attaque à son bien le plus précieux ! Elle a tellement grandie. Tellement changée. Au delà de ses sorties chocs (qui nous font rire avouons-le) , il y a une vraie grande sœur attentive. À Sam et Louise quand ils se font mal ou sont contrariés. Un soir notamment où nous nous arrêtons tard, où les cris fusent dans le camion (conséquence directe de la fatigue générale), Jeanne réussit à apaiser la tempête passagère. Elle prend Sam sous son aile, lui lit une histoire dans la pénombre avant de le coucher. Elle câline Louise qui a explosé de colère et peine à redescendre. Elle console, elle gère les émotions de chacun. En les voyant enlacés tous les trois sur la banquette fleurie du camion, j’en ai les larmes aux yeux. Jeanne a pris notre relais, a senti notre énervement et a sauvé la fin de soirée. Le camion est vraiment un apprentissage permanent de la gestion des émotions et du contrôle de soi. Il faut batailler dans son corps et son esprit avec les vagues d’émotion qui nous traversent. Se laisser porter par les bonnes ondes, laisser dériver les colères et les angoisses. Prioriser ses émotions, ses ressentis. Garder le meilleur. Il n’y a pas de pièce pour s’isoler. Pas de porte à claquer. Il faut affronter et se ressaisir vite.
S’exprimer. Louise qui ne trouve pas toujours sa place, demande beaucoup d’attention, sait profiter des instants heureux, savourer. Elle grandit aussi. Elle apprend beaucoup de ce voyage, comme nous tous. Comme elle répète souvent : Jeanne a sa liseuse, Samuel a ses voitures, mais moi j’ai rien. Elle peine plus à s’occuper. Elle passe cependant beaucoup de temps depuis peu à dessiner. Belle découverte qui semble canaliser son énergie et l’aider à passer le temps pendant les heures de route. Elle a un joli petit coup de crayon. Nous veillons sur elle, prenons toujours la peine de trouver des activités pour l’occuper en roulant. Elle exprime les choses et cela facilite notre communication. Toujours cette place du milieu un peu bancale. On y fait très attention. Et puis d’un coup d’un seul, elle peut déborder de gratitude. « Merci pour le déjeuner. Merci pour le parc. Merci beaucoup. C’était super comme journée. »
Voyager dans le temps. Louise parle d’une journée dans un village médiéval. Fortement apprécié de tous avec des joutes de chevaliers, des démonstrations de catapulte, et de tirs au canon. Des échoppes et des maisons reconstituées. Le tir à l’arc et encore bien d’autres jeux nous baignant dans une autre époque. Louise a détesté les tirs au canon, elle m’a supplié de m’éloigner, se bouchant les oreilles, les larmes au coin des yeux.
Se sensibiliser à la différence. Nous ne prenons pas toujours la mesure de l’omniprésence de sa sensibilité aux bruits. Très forts, très aiguës ou très graves ils sont une souffrance pour elles. On apprend avec elle. J’ai toujours le cœur gros quand je la vois souffrir et pâtir de cette maudite surdité. Je me questionne en permanence sur les liens entre sa surdité et son caractère. La surdité est partie intégrante de son identité. Comment influe t’elle ? À quel niveau ? Comment faire la part des choses ? Sur ma liste d’envies au retour, il y a faire un stage pour apprendre à parler la langue des signes ou la langue parlé complété. Une langue qui complète la lecture labiale avec des gestes de la main pour différencier plus facilement des sons proches comme main, bain par exemple. Avec Louise, ou en famille même. Il faut puiser dans cette différence pour en faire une source de richesse. Une force dans notre famille. Une ouverture sur les autres.
Se balader au pays des contes. La ville d’Odense vit par et pour son plus illustre habitant : Hans Christian Andersen. L’écrivain-conteur dont l’oeuvre a été traduite en plus de 140 langues est né, et a vécu ici. Musées, visites thématiques, maison de son enfance, tout parle de lui. Les petits se déguisent et jouent longuement dans un espace dédié au jeu, à l’imaginaire, et à l’univers de ses contes. C’est l’occasion de se replonger dans « La princesse au petit pois », « La petite sirène », « La reine des neiges », « La petite fille aux allumettes », entre autres célèbres.
Offrir. Legoland, un cadeau en famille. Le Danemark semble le pays des parcs d’attraction. Ils sont aux 4 coins du pays. Après Tivoli à Copenhague, nous remettons ça une journée tous les 5. Nous l’avions promis aux petits. Difficile de passer à côté sans s’y arrêter. La foule à l’entrée en plein cagnard freine nos envies mais on ne peut plus reculer ! La cohue dans les premières attractions est pesante, et les files annoncent des attentes de 15 à 30 voir 40 minutes. Un peu désespérant. Le matin nous ne faisons que quelques manèges. Après quelques spectacles pour certains et attractions à sensation pour Jeanne et Baptiste, nous nous retrouvons et sillonnons miniland et duploland. Les petits sont à l’honneur. Et nous faisons des attractions tous les 5 ensemble ce qui est plus sympa ! La foule des vacanciers se dissipe un peu, puis beaucoup en fin de journée. De 18h à 20h, nous rattraperons nos temps morts de la journée et enchaînerons les attractions sans attendre et en courant de l’une à l’autre. Le parc est plaisant. Le monde de briques colorée qui reproduit des villes scandinaves est agréable à parcourir. Et la décoration tout en personnages de legos rend l’atmosphère magique. Nous faisons la fermeture, nous dînons à 22h et nous endormons vers minuit. Sam ayant fait une sieste tardive, il n’est pas décidé à replonger pour sa nuit ! Ses parents épuisés s’arment de patience.
Se baigner. Legoland derrière nous, nous sillonnons encore Silkeborg et Aarhus. La première nous permet une après-midi en bord de lac. Bondé mais appréciable pour se rafraîchir et lutter contre la chaleur. Au même moment que la canicule parisienne d’ailleurs. Les petits s’éclatent entre sauts dans l’eau et constructions de sable.
S’instruire. Un musée historique présente une sacrée découverte datant de 1950 : le corps d’un homme datant de l’antiquité étonnamment bien conservé dans les tourbières environnantes. Les traits de son visage, les os, la peau noire et tannée, les cheveux. C’est impressionnant à voir. L’homme de Tollund comme il se nomme plaît aux petits.
Parcourir. Aaerhus sera notre dernière halte au nord avant d’entamer notre douce route du retour. Nous visitons essentiellement son musée d’art : une prouesse architecturale et artistique. La passerelle circulaire et colorée dite « rainbow panorama » est d’une beauté époustouflante. Amusés nous la parcourons et la photographions sous tous les angles. Les expos à l’intérieur sont variées et plaisent aux petits. Notamment la sculpture géante et réaliste de Ron Mueck. Nous découvrons les artistes locaux anciens et modernes.
Laissant le nord et côte est, nous descendons vers Ribe puis l’île de Romo. Nos dernières pauses au Danemark. Ribe, piétonne, chaude, nous balade autour de sa cathédrale imposante à travers les ruelles pavées et les canaux.
Rouler sur la plage. L’île de Romo, non loin de là, nous offre une drôle de surprise : après un long pont qui est en réalité une route posée sur une digue artificielle (qui a des allures d’arrivée ou Mont St Michel ou Venise !), nous traversons l’île et débarquons sur une plage démesurée. Tellement gigantesque que les voitures et camping-car roulent sur la plage ! Chacun se pose où bon lui semble. Certains au bord de l’eau. D’autres près des dunes. Les enfants sautent du camion en un temps record. Château de sable, cerf-volant, courses, sauts, roues, pyramides. Au pied du camion. Les pieds dans le sable, nous sortons l’apéro. On est bien. Mais alors bien bien bien !
Bivouaquer. Le grand panneau à l’entrée de la plage précise clairement l’interdiction de camper sur la plage. Le camping avoisinant (plus de 1000 emplacements apparemment !) nous oblige à ne pas trop prendre à la légère cette interdiction. C’est pas l’envie qui manque de dormir là !! On se trouve un petit coin pas loin (non sans peine) et on y retournera tôt dès le lendemain à la demande des enfants.
Échanger. On parle peu de nos rencontres. Parce qu’on n’ose pas toujours les photographier. Ces couples, ces familles. Qui sont à 90% des voyageurs en camping-car. Ce sont plutôt des instants furtifs. Le camion attire les regards. Parce que trois enfants, parce que français, parce que notre carte attire l’œil. Un couple d’allemands avec un petit blondinet nous accoste un matin. Ils ont déjà parcouru le site. Nous donnent des bons tuyaux. Un couple de français croisés en ville nous interpelle en entendant parler français. Trop heureux. Ils montent vers la Norvège, nous les conseillons.
Pédaler. Se projeter. Le Danemark nous redonne des envies de voyage à vélo. L’aménagement des pistes, la priorité donnée à ce moyen de locomotion écologique et vivifiant. Tout pousse à pédaler ici. J’ai toujours trouvé que les familles voyageant à vélo étaient encore plus dingues que nous. Mais maintenant je m’y sens prête à nouveau. L’effort physique est difficile et on impose encore davantage aux enfants. Sam serait sur un siège ou dans une remorque. On pourrait ressortir notre tandem. Loulou réclame son vélo très régulièrement. Elle apprécierait. Pour Jeanne il faudrait trouver un moyen de recharger sa liseuse en pédalant ! On aime bien lister, imaginer, rêver sur des projets futurs. Surtout des idées de voyage forcément. La Grèce ou l’Italie pour un prochain été. Le Japon ou l’Australie pour un été plus loin quand le trio aura grandi. Et puis randonner ou pédaler en France. Redécouvrir notre pays. Et puis on s’imagine déjà revenir par ici. Faire du canoë en Finlande. Vadrouiller dans le sud de la Norvège où le nord de la Suède car on aurait aimé en voir plus. Bref les idées ne manquent pas ! Elles rendent la fin du voyage moins triste. Et nous aide à aller de l’avant. Même si regarder le chemin parcouru est une fierté partagée par notre tribu. Par chacun, à son niveau. Selon ses exigences, ses souvenirs. Quand j’entends Jeanne et Louise tracer fièrement et énergiquement l’itinéraire sur la carte du camion à des enfants français (Rosalie et Auguste), je me réjouis. Elles ont passé la soirée à jouer avec eux, la veille de Legoland. Ils commençaient leur périple et étaient partis de Paris le matin même. Ça nous a paru dingue. La France est donc si proche maintenant !? Nous sommes à 1500 kms de l’arrivée. Pas grand chose à côté des 18500 kms environ parcourus. C’est fou.
Le Danemark restera le pays des parcs, des plages. La fin de l’école, la fin des pulls et des pantalons pour de bon. Le pays des « vraies » vacances, et celui des dernières fois. Pays de notre dernière visite de têtes connues. Encore merci à Tim et Claire pour leur venue ! Pays coup de cœur assurément.
Nous traversons l’Allemagne actuellement, ensuite les Pays-Bas puis enfin la Belgique avant de rentrer en France. Doucement. En alternant longues avancées sur la carte et des petites pauses visites et détentes. Encore deux semaines. Peu sur le calendrier mais encore beaucoup pour partager et s’émerveiller quotidiennement.
On vous embrasse bien fort.
Prenez soin de vous.
Bonnes vacances, et courage aux travailleurs !
A très vite (en vrai).
JuBaJaLouSam.
PS : Bon anniversaire Tim, petit trentenaire !
Merci pour ce super blog que je lis avec toujours autant de plaisir. Le récit de votre voyage qui nous emmène loin, nous dépayse, nous émeut, nous amuse, nous cultive, nous donne des envies de destinations à découvrir et nous interroge sur nos choix de vie et notre rôle de parent va nous manquer… Merci de partager encore avec nous cette aventure un peu folle ! JuBaJaLouSam, profitez bien de vos dernières semaines de kimion !
Hâte de nous retrouver tous à Camaret pour vous serrer dans nos bras 😊
À très vite ! Grosses bises à vous 5
😘😘😘😘😘
Valou, Damien & Martin
Toujours bizarre de s’émouvoir, de s’émerveiller, d’être impressionné (acquisition de la propreté en camion entre bien autres) de vous imaginez avec un pays de retard… Juju il n’y a que toi pour me faire lire au temps de texte ! Superbes photos comme toujours… Pour une note négative : J’ai la musique « It’s a Small World » et l’image de baptiste en bourreau pour la nuit…. Portez vous bien… Bises
Merci les JuBaJaLouSam ! J’écris peu, mais vous lis fidèlement ! Enfin les vacances ici aussi ! Ouf ! 4 semaines pour nous, pour les enfants, à plein-temps. Au-delà du dépaysement (merci !), des projets qu’ils nous inspirent, des rires qu’ils nous offrent, et de l’émerveillement de ces superbes clichés de vos vécus et de vos mines rayonnantes, te lire aide aussi à prendre conscience de combien ces moments sont précieux ! J’aime cette alternance entre intimité et découverte, entre voyage dedans et voyage dehors. Hate de vous revoir ! 💋
Merci à toi Julie d’ajouter à chaque article un nouveau pays à ma liste « voeux pour un futur poste »!
Profitez bien de ces precieux instants! Bises à la Reine des camions (car Reine un jour, Reine toujours)!
Salut les copains !
Encore un super article Julie et de si belles photos ! Le Danemark donne envie, on sent combien vous vous êtes éclatés. J’ai noté une jolie évolution dans ton style d’écriture, j’aime particulièrement ta façon de construire ton récit tout en nous transmettant les ressentis, les émotions qui s’accordent très bien au visuel des images, bravo !
A très vite les amis je vous embrasse fort
Juju (+Ben et Ninou)
J’ai bien aimé toutes les photos surtout celles avec les lego! Vous me manquez & j’ai envie de vous revoir. J’ai envie de jouer avec vous. Je vous attends à Camaret. Je vous embrasse
Signé Gaspard
Blog lu avec plaisir dans la courette de l’ancre. Les photos sont estivales colorées familiales souriantes sportives étonnantes pour certaines!
J’ai eu l’impression que vous étiez dans un conte de fées, au pays des jouets, et que vous vous êtes bien éclatés dans cette presque dernière partie du voyage…
On vous attend en presqu’ile où hier il y a eu un coup de tabac digne de la période hivernale mais avec des couleurs d’été !
On vous fait des bises chargées d’iode de vent de soleil intermittent de rires des cousins
Merci les amis d’avoir partagé avec nous votre beau voyage. Vous nous avez régalé. J’ai adoré vous lire. Je vous embrasse fort et vous souhaite une bonne route du retour. Profitez bien de vos amis et familles avant la reprise.
Gros bisous